33. Expectation

26 minutes

Content Warning : Violence psychologique et physique envers un adolescent + rationalisation d’un adolescent desdites violences, et culpabilisation.

« Tu es un Patterson. Ton rôle est de chasser les spectres, les diablons et les démons qui pourraient venir sur Terre. Tu es né pour ça, des plus grande famille d’exorcistes, afin de pouvoir aider ceux qui n’ont pas tes pouvoirs.

Tout échec serait une trahison de leur attente, toute faiblesse pourrait causer de terrible perte. Tu dois te montrer digne d’être mon fils, d’être de la famille »

Tic. Tac. Tic. Tac. Tic. Tac.

Lloyd attendait avec nervosité dans le salon des Patterson, la respiration courte et l’angoisse montante en écoutant le rythme régulier de l’horloge, qui empirer son stress.

Il revenait voir sa famille après quelques semaines passé chez les gardiens. Il y avait été inscrit dans l’espoir d’apprendre plus sur le fait de combattre de terrible ennemis, et de pouvoir faire des missions moins difficiles avant de pouvoir devenir un véritable exorciste.

Le jeune apprenti-exorciste s’était fait une amie, Samain, une fille fantastique qui était sa coéquipière chez les gardiens en apprentissage. Il l’appréciait beaucoup, et avait été surpris d’apprendre qu’elle était fille d’une sorcière : elle était tellement sage et organisée. Il avait toujours entendu dire que les sorcières était chaotiques et imprévisible. Après, elle n’était que fille de sorcière, pas forcément elle-même. Son père lui était comptable, ce qui semblait au jeune homme l’exacte opposé d’être sorcière.

Lloyd avait été surpris à quel point une personne issue d’un couple aussi atypique avait été débrouillarde en situation magique. Même s’il n’en était pas spécialement fier, Lloyd avait quelque préjugés sur les gens ne venant pas du « monde magique », comme étant sans doute naturellement moins bon à ça – après tout, il venait du monde des gens normaux, avec des machines et de la pollution. Mais il s’était rendu vite compte qu’il ne connaissait que peu du monde, parce qu’elle l’avait sauvé d’un terrible faux-pas. Il avait sous-estimé lors d’une mission d’apprentissage un mangeur de mot, et avait failli se faire dévorer tout ses souvenirs, avant que Samain décide de faire diversion avec son téléphone portable. L’être terrible était ensuite décédé d’une des plus grosse indigestion que le monde avait connu.

Lloyd n’avait pas osé raconté la chose à sa famille. Samain l’avait même couvert en racontant un mensonge sur comment s’était passé la mission en voyant son stress face à la situation. Lloyd avait été inquiet, comment ses propres parents allaient réagir ? Mais visiblement, sa mère ne suivait pas son éducation – ni grand-chose d’autre – et son père n’était pas spécialement fan d’amblé qu’elle aille chez les gardiens. Elle n’avait eut aucun ennuis pour ça.

Lloyd soupira. Malgré ce mensonge, cela n’avait fait que retarder l’inévitable. Le compte rendu de ses dernières semaines était arrivé chez ses parents. Lloyd y était décrit comme un élève avec pas mal de potentiel, aux capacités correcte, et qui savait plutôt bien maitriser son signe, celui du Capircorne, même si ses capacités en magie étaient moins fortes.

Et ça, c’était peut-être ce qui allait le plus énerver ses parents.



Lloyd était un signé, l’une des personne pouvant exploiter les pouvoirs de l’un des douze signes, qui chacun apportait un pouvoir unique et puissant. Lloyd était naturellement un empathe, capable de sentir les émotions des autres et des les influencer s’il le voulait. Il n’aimait pas trop cette seconde partie, ou en tout cas pas le faire de manière négative. Il l’utilisait petit pour calmer ses petits frère et petites sœurs quand iels étaient triste. Comme une sorte de super-câlin-magique comme il l’appelait à l’époque.

Mais on ne sauvait pas le monde des forces du mal en faisant des câlins à ses petits frère et petites sœurs.

Lloyd fut tiré de ses pensées par son père, qui sorti de la pièce et l’appela. James Patterson, le patriarche de la branche française de la famille. Cela ne faisait que quelques années que son père avait récupéré le titre si convoité, mais il était déjà considéré comme l’un des meilleurs dirigeant de la famille. Il était populaire à la télé, ou il parlait aussi bien des exploits de la famille Patterson que du « laissez-aller » qu’il voyait constamment dans la population.

Un ton neutre, qui ne laissait aucun signe de ce qui allait se passer ensuite. Il avait toujours ce ton en toute circonstance quand il appelait quelqu’un, que ce soit pour les pire remontrance où pour les plus grande louange.

Cependant, le jeune exorciste ne se faisait aucun doute sur ce qui l’attendait.

Lloyd entra en silence dans la grande pièce richement décorée. Son père était assis à son bureau. À côté de lui était Lena Patterson, la cousine du jeune exorciste. Le grand espoir de la famille. L’une des plus brillantes chasseuse de fantôme que la famille ai compté. Lloyd se senti coupable de lui montrer un spectacle aussi pathétique. Même si sa mine ne laissait transparaître aucune émotion, il se doutait d’à quel point il devait être une véritable perte de temps pour elle. Elle aurait tellement mieux à faire d’assister au pire exorciste de la famille qui se faisait remonter les bretelle par son père.

— J’ai vu tes résultats, fit le patriarche en regardant distraitement des papiers.

Il restait calme. Cela fit frisonner Lloyd. Il connaissait cet air faussement distrait. Cet air du « non, cela ne m’affecte pas tant que ça ». Cet air du calme avant la tempête. L’adolescent tenta de garder son calme. S’il se montrait faible ou craintif, ce serait encore pire. Son père détestait l’idée qu’un Patterson puisse ne pas être une force de la nature. Lloyd avait appris avec le temps à s’en vouloir de ne pas en être une.

— Je dois avoué être… déçu de ton manque d’amélioration. Compétences moyennes en combat, en élimination de créature diabolique, même les sansesprits. Je pensais que c’était simplement une compassion mal placée, mais si même un automate de chair pose soucis, nous avons un problème.

Lloyd ne dit rien, se contentent de serrer les bords de son pull. Il avait souvent besoin d’aggripper quelque chose quand il était angoissé. Et la situation était particulièrement angoissante. Tout ce qui pourrait dire rendrait ça pire.

Tu as déçu ton père.

Et le pire, c’est que son père avait raison. Après tout, n’avait-il pas une mission ? Une mission de rendre le meilleur ? Et ce n’était pas avec des gens comme lui qu’on sauvait le monde. Lloyd ne savait pas quoi faire. Il ne savait pas comment être un meilleur Patterson. Il avait tout tenté. D’utiliser ses pouvoirs pour le combat, mais il n’étaient pas suffisant. Il n’était pas assez fort, pas assez malin.

Regarde-moi.

Lloyd leva le regard, qui croisa celui de son père. Il sentait toute la déception. Est-ce que son père croyait vraiment en ses capacités d’amélioration ? Lloyd s’était toujours dis que personne ne penserais sérieusement qu’il ferait un véritable exorciste un jour. Mais dans le regard de son père, il lui semblait voir cette déception, voir que son père avait sincèrement cru en lui. Le jeune chasseur de spectre se sentit coupable. Comment se rattraper ? Il savait qu’il ne serait jamais au niveau que son père attendait de lui.

— Père, je suis déso…

Une gifle retenti. Lloyd crispa les dent, comme à chaque fois. Une seconde gifle. Lloyd sera les dent, refoula les larmes. Il était dans quelques années un adulte, il n’allait pas faire encore plus honte à sa famille en pleurant. Après tout, n’avait-il pas mérité cela en ne se montrant pas à la hauteur des immense attente qu’il y avait envers lui ? Il ne ressentait aucune injustice dans ce coup. Il ne ressentait que de la honte envers lui même.

Tu fais honte à son père. A cause de toi ton père doit en venir aux mains.

Il se sentait seul coupable de la situation.

— Tu as de quoi être désolé, Lloyd. Tu te rend compte de la honte que tu as fait à la famille avec ces comportements ? Je n’arrive pas à comprendre comment tu peux prendre aussi peu au sérieux les entraînements qui te seront nécessaire. Je sais que l’entraînement est dur, mais tout tes frères et sœur le font sans broncher ! As-tu oublier que faire la bonne action requiert de faire des sacrifices ?

Il marqua un temps, regardant d’un air sévère Lloyd.

— J’avais peur que cette jeune fille qui t’accompagne serait un fardeau, mais j’en ai presque de la peine pour elle !

Une troisième gifle, plus brutale que les deux précédante ponctua cette sentance. Mais ce fut la dernière phrase fut la plus douloureuse. Lloyd n’avait jamais pensé à l’éventualité qu’il soit un fardeau pour Samain.

Tu risque de faire sombrer la carrière de ta meilleure amie. Peut-être même aurait-elle honte que tu la voie comme ta meilleur amie.

Son père avait dit tout cela d’un ton sec, dans lequel la colère transparaissait. Ainsi qu’une déception amère. Lloyd se concentra pour refouler les larmes. Il avait envie de pleurer de honte. Alors qu’il releva la tête à nouveau, Lloyd vit le regard de Lena. Il y lu de la déception, ce qui le fit baisser les yeux à nouveau.

Ta famille a honte de toi.

Tu viens de faire honte à l’un des plus grand espoir de l’exorciste mondial.

Toute son adolescence, encore plus que rendre son père fier de lui, il avait voulu rendre fier Lena Patterson. Il l’admirait tellement, elle était tellement forte, tellement intelligente ! Elle était son modèle. Il le lui avait dit une fois plus jeune, il se souvenait de son petit rire et de ses remerciements.

Aujourd’hui, plus rien de cela transparaissait dans ses yeux.

— Maintenant, tu vas me faire plaisir et faire des efforts. Tu es un Patterson, pas un membre d’une famille quelconque. Tu dois te montrer digne de ta lignée, ne pas être une déception dans une grande lignée d’exorciste extra-ordinaire. Je vais t’assigner un professeur particulier, ton oncle Gabriel, pour qu’après les cours il fasse de toi un vrai exorciste.

Lloyd senti son souffle se couper, comme si chaque respiration allait être trop douloureuse pour être faite. Il avait déjà eut des cours avec son oncle. C’était un professeur sévère et – il se senti mal de penser une telle chose – presque méchant. Il enseignait l’exorcisme avec brutalité, estimant que pour être vraiment fort contre les démon, il fallait avoir connu toute la souffrance qu’ils pouvaient causé. Lloyd avait déjà été blessé par un diablotin quand il avait 12 ans à cause de ça. Il avait envie de se jeter à genoux et supplier son père, promettre de faire mieux. Il avait envie de dire tout ce que son oncle faisait subir à ses élèves, toute la cruauté de son enseignement. Il avait envie de dire à son père qu’il ne voulait pas une tel chose.

— Bien, père, dit-il cependant simplement.

Son père lui fit signe de sortir de la salle, et il sorti dans le salon et croisa un de ses frères. Lloyd eut envie de lui faire un signe et de prendre de ses nouvelles pour savoir ce qu’il devenait… mais celui-ci détourna vite le regard et s’éloigna à petit pas de la pièce, laissant un Lloyd seul et sous le choc. Le jeune exorciste continua alors ses pas vers la sortie, pour que personne ne voit qu’il commençait à ne plus pouvoir refouler ses larmes.

Ton propre petit frère a honte de toi.

Quel modèle fais-tu ?

* * *

Samain avait décidé d’attendre Lloyd directement à la gare. Elle était inquiète. Très inquiète. Il n’avait répondu à aucun SMS, et il semblait terrifié quand il était parti chez son père. Elle regrettait de ne pas l’avoir accompagné, parce qu’elle avait un très mauvais pressentiment sur le géniteur de Lloyd. La jeune future gardienne faisait les cent pas dans la gare, agaçant certainement les autres en train d’attendre, mais elle ne s’en préoccupait pas.

Elle n’avait théoriquement pas le droit de faire ça, mais étrangement les professeurs – qui d’habitude auraient vu ça comme un indice qu’elle allait chercher à aller s’amuser avec son pote au lieu de retourner le dortoir – là lui avait même conseillé de l’attendre, avec presque un air désolé. Et du coup, même si elle avait été inquiète dès qu’elle avait appris cette entrevue, là elle cela l’avait carrément rendu terrifiée. Quelle pouvait être la situation pour que les professeurs arrêtent de suspecter des trucs chelou ?

Samain senti son cœur se serrer et sa respiration s’accélérer en voyant le train d’où son ami devait revenir arriver en gare. Elle se précipita vers le quai. Est-ce qu’il allait vraiment en sortir ? Elle fut rassurée en le voyant… mais encore plus inquiète en voyant dans quel était il était. Il marchait la tête basse, le regard presque vide.

Qu’est-ce qu’ils lui ont fait ?

Lorsqu’elle se dirigea vers lui, il lui fit juste un petit « salut » sans véritablement s’arrêter. Samain aurait été presque vexée, si elle n’avait pas senti une quantité d’angoisse et de self-estime négative s’emparer quasiment immédiatement d’elle et la ronger presque de l’intérieur. Elle compris rapidement que cela ne venait pas d’elle. Lloyd avait tellement du mal à contrôler ce qu’il ressentait qu’il les diffusait comme un signal radio dans tout le monde autour de lui. Elle ne l’avait jamais vu faire ça avant, même en pleine crise de panique. Cela l’inquiéta encore plus.

Samain entendant vaguement un homme d’age mur derrière elle se plaindre que ce « garnement » avait « jeté une mauvaise ambiance sur tout le train ». L’adolescente se retourna et lui jeta le regard le plus mauvais qu’elle pouvait, le faisant même reculer, avant de foncer à la poursuite de Lloyd. Mais celui-ci resta silencieux tout le voyage, complètement inaccessible.

Samain se promis d’aller chercher à en savoir plus sur les Patterson. Elle avait lu que la famille Patterson était « un peu sévère ». Elle savait qu’il y avait des attentent énorme envers Lloyd. Elle savait également que les positions du paternel Patterson étaient pas les plus ouverte du monde voir franchement réac – elle n’arrivais pas à croire que le doux et timide Lloyd puisse être le fils d’une enflure comme James Patterson – mais là elle en était sûre : ce n’était pas de la sévérité, mais de la maltraitance.

On ne sort pas d’une réunion familiale normale, même « un peu sévère », en étant incapable de parler.

Même si les attentes étaient surement bien trop haute aussi - Samain se souvenait du nombre de fois ou Lloyd s'était dit "pas si bon" alors qu'il se débrouillait pas mal - ce n’était pas qu’une question de "trop d'attentes"

* * *

Arrivé dans sa chambre, Lloyd se laissa tomber sur le lit. Il s’en voulait. Durant tout le long du trajet jusqu’au retour, il avait ignoré l’inquiétude de sa meilleure amie, et avait été trop lâche pour lui dire qu’elle devait se trouver un meilleur binôme. Il avait beau se dire que c’était la meilleure chose à faire pour elle, quelque chose l’en avait empêcher. La peur de se retrouver éloigné d’elle, de ne plus passer du temps avec elle, de ne plus entendre ses – pas si mauvaise que ça – blagues.

Tu es trop lâche pour faire le meilleur choix pour elle.

Tu n’as pas osé faire le sacrifice nécessaire pour faire la bonne action.

Elle était retourné dans sa propre chambre, non sans lui dire qu’elle serait là pour lui s’il en avait besoin, et qu’il pouvait lui parler à son rythme. Cela angoissait encore plus Lloyd. Pourquoi était-elle aussi gentille avec lui ? Elle ne se rendait pas compte de ce qu’il était ? Elle pouvait faire tellement mieux que de perdre son temps avec lui.

Mais ça non plus tu n’as pas osé le dire.

Mais surtout, une partie de lui avait peur qu’elle apprenne que son père l’avait frappé. Il savait que pour quelqu’un qui ne venait pas du monde magique, cela pourrait sembler horrible. Une partie de lui se disait qu’elle ne pouvait pas comprendre le poids de ce qu’était être le patriarche de la famille Patterson. Mais une autre partie de lui avait envie de la voir en colère contre ça. De la voir dire des choses comme « ce n’est pas normal » ou « tu ne mérites pas ça ». Une partie de lui avait désespérément envie de l’entendre dire qu’il y avait une autre voie qu’être un Patterson. Comme cette fois ou elle avait dit qu’il était avant tout Lloyd et qu’elle s’en fichait de ses difficultés.

Tu veux monter ton amie contre ton propre père, n’as-tu pas honte ?

Il ne savait pas quoi penser, il ne savait pas quoi faire. Il voulait juste que ça redevienne comme avant, comme quand son père lui racontait les histoires incroyables de ses ancêtres que ses ancêtres avait accompli. Lorsqu’il lui racontait les terribles monstres et créature démoniaques qui existaient, à chaque voix avec différentes voix qui faisait peur et impressionnant le jeune enfant.

Lloyd savait qu’il ne retrouverait jamais cette version de son père s’il ne s’en montrait pas digne.

Tu n’as rien d’autre.

Tu es un Patterson.

C’est normal qu’on en attende beaucoup de toi.

Montre t’en digne.