Spirou et le soucis de la nostalgie

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Il y a quelques jours, j’ai feuilleté l’un des derniers tome de Spirou, qui est une “histoire classique” façon Franquin (je dirais “sous-Franquin”, on y reviendra) qui se retrouve à aller à Cuba à l’époque de Fidel Castro, face aux méchant communiste (ce qui nous rappelle le déjà très mauvais “Spirou chez les Soviet”)… et on sent que le but est vraiment de faire un “Spirou à l’ancienne”, avec référence à l’inventeur du G.A.G, avec le Marsupilami… et pour moi, ça tombe à plat.

Avant d’aller plus loin, j’aimerais indiquer que je suis quelqu’un qui apprécie beaucoup Spirou. La série à souvent touché mes sensibilités, l’humour est fun, et malgré certains trucs qui je trouve maintenant sont dommage (le manque de perso féminin, notamment), c’est une série que je garde dans mon coeur, en particulier les ères de Franquin et de Fournier qui sont mes préférées parce que c’était les BD que je lisais chez mes parents quand j’étais petit. Je me souviens encore du meuble avec toutes ces BDs, ou je lisais Spirou, Gaston et Yoko Tsuno entre autre.

Bref, donc je suis a priori quelqu’un qui connait pas mal les anciennes ères de Spirou, un peu plus que les récentes (même si j’ai aimé quelques uns des plus modernes, genre ceux avec les trois scientifiques sur une autre planète, ou l’homme qui voulait pas mourir)

Et en fait, ça me fatigue parce que ça fait un moment que Spirou fait de la nostalgie, et ça me fatigue. A l’exception du très bon “la Colère du Marsupilami”, qui est un peu nostalgia-bait mais qui réussi à la fin à prendre la décision de ne pas ramener le Marsupilami dans l’équipe et qui à très bien géré la question de “pourquoi il a disparu tout ce temps ?”, je trouve que la plupars tombent trop dans la nostalgie. Et ça dépasse un peu Spirou, puisqu’ils ont fait un nouveau tome de Gaston (qui contient quelques gags cool, mais qui je trouve rendent trop Gaston centré uniquement sur les “gaffes”, en mettant pas assez les autres aspects du personnage en avant, et qui n’a qu’une vrai bonne idée, sa mini-aventure à la fin).

Et le soucis c’est que je trouve que cela se combine par un aspect un peu boomer général sur les nouveaux tome de Spirou : on se moque un peu des vegans en rendant Fantasio vegan un peu par mode dans le dernier, le fait que deux tomes récents ce soit du “on se bat contre les communistes” genre nostalgie des vielles histoires des 70~80 (ce qui en plus est un peu hors sujet, Spirou a jamais affronté spécialement d’idéologie), la blague à la fin de la Mort de Spirou de “regardez du coup on met un Seccotine et Fantasio on remplace par une femme dès qu’il est mort” qui fait très blague contre les méchanwoke-qui-mettent-des-meufs-partout-mon-spirou-mes-couilles-mon-saucisson. CHAMPIGNAC QUI SOUS X4 QUI REND SUPER INTELLIGENT FAIT UN DISCOURS ANTICOMMUNISTE (ce qui fait genre propagande mais genre super mal fait, genre truc de propagande leader price xD Faire dire un discours politique par un perso ou juste avant on lui fait prendre un produit qui rend super intelligent, c’est le degré zéro de subtilité)

Les deux combinés, ça donne un aspect passéiste à une série qui avait toujours flirté avec la science fiction, qui regardait le futur avec curiosité. On avait une voiture écologique dans Du Sucre pour Noémie, des scientifiques qui voulaient oeuvrer pour le bien de l’humanité, et tout le monde connait la Gay Energy entre Zorglub et Champignac uwu (désolé).

Cela produit notamment les soucis suivant qui ont un aspect négatif pour la série je trouve :

  • Premièrement, cela produit des tomes qui ne sont que des imitations. On peut pas refaire du Franquin sans Franquin. Vouloir faire du Franquin-bis c’est un truc qui montre un manque d’idée et de créativité. Et ça fait mal dans une série qui justement avait tendance à souvent inventer de nouvelle chose. Le Triangle dans les numéro de Fournier était des antagonistes souvent intéressant. L’époque de Tom et Janry ont amené pleins d’ennemis haut en couleur comme Vito la Déveine, ou Cyanure. L’homme qui ne voulait pas mourir part d’un truc ancien, et construit le personnage de Tanzafio, le fameux oncle de Fantasio de manière intéressante.
  • Cela les poussent à tenter de défaire les dynamiques de personnages qui avaient évolué, pour tenter de retrouver celles de tomes plus anciens. Je vais pas trop parler ici de Fantasio qui change quasiment tout le temps, mais de Zorglub : un des très bon aspects de Zorglub est qu’il passait de méchant à membre des héros qui parfois gaffait fortement. Sauf que du coup, ils tentent fort de pousser un Zorglub à nouveau méchant et ça casse une évolution qui était plutôt cool. Le pire étant dans La Mort de Spirou ou il est montré rêver de fascisme. Cringe. Chose amusante, ça avait été mieux géré dans “Le Reveil du Z” en mettant un descendant de Zorglub.
  • Il y a parfois un manque de compréhension de ce qui faisait qu’était bien. Avoir Fidel Castro dans Spirou n’est pas intéressant, quand y’a eut des dictateurs créé pour leurs histoire qui remplissaient bien mieux leur rôle. Ici, voir Fidel Castro transformé en perso de Spirou, voir Nixon, etc… ça ne marche pas, je trouve, parce que c’est là juste pour faire “regardez ça se passe à cette époque”.
  • Dans La mort de Spirou, ils font un aspect très méta qui casse beaucoup l’univers. Spirou en avait toujours eut un peu un avec les personnages qui travaillent parfois pour Dupuis, mais mettre “Les 100 ans de Spirou” je trouve que ça hurle trop pour retirer la crédibilité de l’univers.

Tout ça fait que je trouve que Spirou est tombé dans un piège lié à la nostalgie. Il tente à fond de revenir à la “grande époque de Spirou” plutôt que de faire tenter de laisser vivre le personnage. Et le synopsis du prochain tome me fait un peu peur :

Spirou est mort. Sauf en 1958, l’année de l’Exposition universelle de Bruxelles. Un étrange espace-temps où il pourrait bien mourir à nouveau… Bienvenue dans « La mémoire du futur », le tome 57 de Spirou et Fantasio !

On retrouve pour moi les mêmes soucis. Un truc dans le passé, référence à des évenements historique. Je pense qu’ils vont bullshit pour sortir de ce truc et ramener un Spirou à n’importe quelle époque (ou alors faire un vrai tome 57 ou Spirou survis d’une manière où d’une autre), mais on reste piégé dans cette peur de faire du vrai nouveau. Et c’est triste, quand à côté des histoires ont réussi à réinventer Spirou dans des contextes très différents, notamment ceux sur la seconde guerre mondiale (que ce soit dans Journal d’un Ingénu, l’Espoir Malgré Tout ou Champignac).