#Inktober2017 – Day 17. Flithy

13 minutes

Les rues d’habitude toujours propre et parfaite de la capitale étaient en ruines. En plein centre de la ville se trouvait le cœur de la corruption.

Elle avait déjà envahi tout le pays et s’étendait sur la planète entière. Des vents chargés d’une énergie incohérente et incontrôlable balayait tous ceux qui voulaient résister. Les maisons anciennement blanche et lisses n’étaient désormais plus que des gravats, et plus rien en restait de la grande cathédrale du Grand-Ordre, principale religion du pays.

Au cœur de ce lieu se trouvait l’apôtre de la corruption, celui qui avait reçu l’accès au pouvoir terrible du dieu ancien qui était à l’origine de cette calamité. Celui qui par un simple pacte avait réussi à mettre en danger le monde, puis à libérer l’entité maléfique dans ce monde. Celui qui avait obtenu le pouvoir de briser la logique et la cohérence. Celui qui avait accepté d’être la porte d’entrée du monstre qui dévorait les réalités.

Ismaël regardait le désastre, l’épée en main. Le guerrier avait été nommé pour diriger le combat contre l’entité. Quand il avait été tout petit, des êtres entièrement masqués par une armure blanche étaient arrivés en expliquant l’existence du dieu ancien, et que son mouvement se dirigeait vers ce monde.

Ils avaient alors confié armement et connaissance pour le combattre. Ils avaient aidé à mener l’évolution du pays, que ce soit technologiquement, socialement et même moralement. Ils avaient préparé la bataille. Pendant des années, l’apôtre avait été recherché, en vain. Jusqu’à ce jour.

Ismaël, lui, avait suivit l’entraînement. Les êtres aux armures blanche l’avait nommé « héros ». Il n’avait pas d’épée spéciale, par d’arme légendaire. Juste un bracelet qui lui permettait de pénétrer dans l’être maudit, en formant une légère barrière dorée autour de sa peau que seule la corruption ne pouvait pénétrer. Ce qu’il allait faire.

Tous ses hommes étaient dispersés dans la ville, tentant de combattre les monstres créés par l’apôtre, et de ralentir l’arme. Lui, il devait aller affronter l’apôtre.

Le guerrier se mit à courir, et plongea volontairement à l’intérieur de la corruption.

À l’intérieur de la corruption, le liquide noir qui le composait était désormais invisible. Il se trouvait dans les rues du quartier populaire de la ville, pourtant bien loin, hors de la zone d’influence de la créature. Il y marcha, traversant les rues entièrement désertes, comme figée dans le temps. Les papiers d’habitude transportés par le vent restaient en l’air, bloqué dans un moment. Ce n’est qu’après quelques minutes de marche qu’Ismael se rendit compte que toutes les couleurs du lieu semblaient avoir disparue. Lui, pourtant, avait encore toutes ses couleurs. Était-ce la créature qui tentait de lui faire passer un message ?

Les rues étaient bien différentes du cœur de la capitale dont il avait vécu toute sa vie, et des riches campagnes du nord du pays. La crasse était partout. Les poubelles étaient renversées. Quelques maisons étaient à moitié détruites et à l’abandon. Ismaël ne sut jamais combien de temps il avait marché. Sans soleil dans le ciel, sans mouvement autre que les siens, il lui était impossible de constater le temps qui passait.

Cependant, il était sûr qu’il avait passé un bon moment à errer dans les rues, avant de voir une autre personne dans les rues.

Une petite fille crasseuse avec un ballon.

Elle était habillée d’une vieille salopette déchirée et d’un tee-shirt, quelques anciennes blessures formaient des croûtes et des cicatrices sur ses bras. Elle le regardait avec des yeux partagés entre de la peur et de la méfiance, et serra son jouet contre elle, comme si le guerrier allait lui voler. Celui-ci était surpris de voir une autre personne que lui dans les rues.

Ismaël demanda à la petite fille son prénom, et ce qu’elle faisait ici. Il se posait des questions. Comment une petite fille pouvait se retrouver ici ? La seule théorie probable lui semblait invraissemblable.

— Pourquoi maintenant d’un seul coup vous vous intéressez à moi, vous autres ? demanda-t-elle avec de la rancœur dans sa voix. Je suis ici chez moi, c’est à vous de partir, je ne veux pas vous voir.

Ismaël presentit le danger et se jets en arrière. Il esquiva de justesse deux bout de mur qui avaient tenté de l’attraper, tel des mains de brique et de mortier. Si la petite fille avait le pouvoir en ces lieux, cela ne pouvait vouloir dire qu’une seule chose : Elle était la clef qui avait permis à toute cette puissance de venir dans leur monde. Cette petite fille était l’apôtre.

— Vous êtes tous méchants ! s’écria-t-elle. Vous nous avez toujours tous laissé tout seuls ! Quand on pleurait, jamais vous vous êtes arrêtés. Pour vous, on est rien du tout !

Un jet d’énergie fondit sur le guerrier, qui pu le dévier avec son épée. Si la puissance corruptrice ne lui faisait rien en elle-même, la quantité d’énergie pouvait toujours le blesser ou pire encore. Cependant, techniquement, son ennemi n’était pas bien dangereux pour lui. Ses attaques étaient basiques et il voyait les arriver très facilement. Elle n’était pas du tout une combattante. Juste une petite fille avec des pouvoirs extra-ordinaire.

Le guerrier esquiva encore quelques attaques. Il n’osait pas l’attaquer. Avec son arme, il pouvait sérieusement la blesser. Et il ne pouvait tuer un enfant, même si cet enfant était la porte d’entrée d’un dieu maléfique. Il devait trouver un autre moyen. Il voyait dans les yeux de cette petite la même détermination bornée qu’il pouvait voir dans celle de ses propres enfants parfois.

Parce qu’en fin de compte, il comprenait les raisons pourquoi la petite fille avait pu être « manipulée » par la puissance de la corruption.

Ce monde la rejetait, elle et les siens. Ils n’étaient pas simplement des intrus, ils étaient ce que le monde ne voulait voir. Cette petite fille n’avait pas été visé en particulier par les partisans de la corruption. Ils avaient juste cherché quelqu’un qui aurait assez de ressentiment et qui pourrait vouloir de la puissance. Qui sait ce que pouvait être ses plans avec autant de pouvoir. Se venger, construire un monde meilleur ? Tel était le pouvoir de Tav. Tel était le pouvoir du dieu maudit. Sa conscience avait été détruite, mais sa puissance immense était assez pour pouvoir influencer les esprits. Ils suffisaient que des gens avide découvre l’immensité de ses capacités, et ils devenaient les portes-paroles du diable.

L’être maudit ne pouvait pas manipuler par lui-même, mais ceux qui voulaient exploiter son pouvoir le faisait à sa place.

— Je dois terminer tout ça, déclara avec conviction le guerrier à l’apôtre. Je te promet que dès que j’en aurais fini avec ce combat, ma lutte sera dédiée à rendre ce monde meilleur, à faire en sorte qu’il puisse te donner envie de vivre dedans.

La jeune fille ne répondit rien. Il devinait qu’elle n’avait pas confiance en lui. Il s’approcha d’elle, déviant ses attaques avec son épée. Quelques tirs le touchaient, il se concentrait seulement sur ceux arrivant trop vers les organes vitaux.

— Seul le temps pourra te montrer la sincérité de mon engagement, continua-t-il. Mais je te promets que je ne serais pas le seul à le construire. Que ce sera un travail d’équipe, un long trajet commun pour que nous n’abandonnions plus les « petits enfants sales » dans les rues.

Il la regarda. Il regarda son bracelet. Il devait faire vite, il n’aurait que quelque seconde.

— Et je te promets que tu pourras superviser tout ce que je fais.

Il retira subitement son bracelet. La petite fille ecarquilla les yeux, comprenant ce qu’il venait de faire.

La corruption commença à entrer par toutes ses pores. Ce fut comme si une douleur intense et lancinante le traversait. La petite fille était surprise. Que voulait-il faire, et pourquoi était-il prêt à souffrir pour elle ? Serrant les dents, il accrocha le bracelet à la petite fille.

D’un coup, sa peau s’illumina d’une lumière dorée. La barrière que la corruption ne pouvait traverser entourait sa peau. Cependant, elle ne protégeait pas la petite fille de la corruption. Mais le monde entier de la corruption qui provenait de la petite fille. La porte du dieu maudit venait de se refermer.

Le monde autour d’eux commença à se dissiper. Le dieu ne pouvait plus rentrer dans le monde, et la corruption qu’il avait produite était dispersée très vite par les vents. Ils revenaient vers le monde réel. Ensemble. Ils sortaient des douleurs passées pour se diriger vers le futur qu’ils construiraient. Il devinait qu’il allait devoir fortement surveiller la fillette au début. Mais il avait confiance.

Il voulait donner à cette petite fille crasseuse avec un ballon une seconde chance de ne pas devenir celle qui provoquerait la fin du monde, et devrait vivre pour l’éternité avec.