Digimon Adventure : Last Evolution Kazuni

13 minutes

J’ai vu Digimon Adventure : Last Evolution Kazuni, et ça a été une grosse claque. Avant de vraiment parler du film, j’aimerais dire mon rapport avec l’univers de digimon. J’ai vu surtout les trois premières saisons/séries, et j’avais pas trop aimé les films Digimon Adventure Tri (notamment parce que préférant Digimon Adventure 02). Je suis allé vers ce film avec l’impression que j’allais voir un film un peu nostalgique, sympa. Et si le film commence comme ça, il évolue vite vers quelque chose de différent, je trouve.

Du coup, j’ai beaucoup aimé ce film, mais il m’a frappé là ou ça fait mal. Parce que comme les trailers l’indique : il parle de l’inévitabilité de la mort, et de l’acceptation de grandir. D’une certaine manière, on pourrait le comparer un peu à Thor : Love & Thunder (avec peut-être un peu plus focus, ce qui rend son propos plus réussi je trouve, même si je suis loin d’être un hater de L&T), avec l’idée que la mort va arriver.

Le film commence par une séquence d’aventure à la digimon, et de manière assez classique : un premier combat cool avec quelques digisauveur, l’idée que certains ont move-on avec leur vie et ne combattent plus, le fait de grandir, et un « nouveau digimon mystérieux » qui provoque des catastrophe et des coma. La promesse d’une grande aventure, et d’un conflit pour sauver des tas de personnes.

Mais rapidement, il évolue vers le véritable conflit du film : le lien entre leur digimon et Taichi et Matt sont en train de s’estomper. Et une fois que ce lien sera totalement brisé, leur digimons vont disparaitre. Je vais être franc : au début, j’ai refusé cette intrigue. Je ne la voulais pas. De tout mon être. Je ne voulais pas me dire qu’un jour, les digimons des digisauveurs allaient disparaitre. Et je me suis rendu compte que ça reflétait plus mes propres difficultés avec la perte des êtres proches, et le deuil. Et c’est ce qui m’a fait aimer le film. Parce qu’au final, le film me parlait d’une chose que j’avais vécu, me montrait d’autre personnes qui le vivaient (et un age proche de ce que j’avais quand je l’ai vécu : les protagoniste ont ~22 ans).

Le traitement de ce sujet est fait avec une forme d’intelligence, et n’hésite pas à montrer la difficulté de la situation, les émotions rudes. Et c’est pour ça que ce film frappe là ou ça fait mal. Le fait que cela lié aussi au fait de grandir contient un côté qui m’avait un peu embêté (c’est insinué qu’on a moins de potentiel en grandissant… mais en y réfléchissant c’est aussi vrai : quand on a grandis, on s’est insinué dans un chemin. Y’a des trucs qu’on ne pourra plus faire, et c’est comme ça), mais permet aussi d’avoir un petit message sur la nostalgie : elle est ici utilisée pour complémenter l’intrigue. On commence par de la nostalgie pour montrer aussi les difficultés de grandir/vieillir, de perdre des gens qu’on aime, de voir que les choses changent et restent les mêmes.

Et attention, là on va rentrer dans la zone ou je vais spoiler à fond le film.

Mais surtout, le film porte un message assez mature sur le fait que s’enfermer dans une bulle de souvenir pour gérer la perte et la douleur qu’elle provoque est autodestructeur. En effet, l’objectif de l’antagoniste est de « sauver » les digisauveur du destin tragique de perdre un jour leur digimon, mais pas en trouvant une résolution au phénomène qui va causer la mort des digimons, mais en les enfermant éternellement dans des souvenirs du passé. Cela peut ressembler à quelque chose qui peut arriver lorsque l’on vit un deuil : tenter de fuir la douleur en se plongeant dans les souvenirs. Cependant, cela ne chasse pas la douleur, cela ne change pas ce qui est arrivé. Et c’est en cela que l’antagoniste marche bien pour moi : on peut la comprendre (elle a souffert quelque chose qui est dur), mais elle tente de lutter contre la mortalité en refusant l’idée que la mort peut arriver, au lieu de tenter de trouver un moyen de lutter contre ce qui va provoquer leur mort et leur offrir une vie plus longue (ce que serait de chercher à leur apporter un traitement, trouver un moyen de ralentir la perte du lien, etc). Voir même, ces actions amplifient la vitesse à laquelle Agumon et Gabumon disparaissent, en provoquant des combats qui accélère le processus. Sans elles, ils auraient pu vivre une fin de vie paisible, petit à petit, et chercher ces traitements. Au final, on peut relier ça à la manière dont parfois des gens tentent de « nier » une maladie ou des choses comme ça (par exemple en cherchant des réponses dans des pseudo-médecines, ou en cherchant à refuser d’en parler), et finissent par faire du mal à des proches.

Le film à aussi cette qualité qu’il ne masque pas que ça fait mal de perdre un proche : on voit Taichi et Matt pleurer, mais on voit aussi qu’il est possible de rebondir. C’est un peu dommage de ne pas avoir montrer de période de deuil, mais j’aime bien le message assez positifs sur tout ça que donne le film : le fait que la mort arrive un jour, qu’il faut savoir rebondir, mais que cela reste quelque chose qui fait vraiment mal, et qu’on peut exprimer notre douleur.

Cependant, je trouve ça dommage de teaser qu’ils peuvent revenir, je pense que y’avait une certaine maturité à accepter qu’un jour quelque chose est fini. Après, c’est lié aussi à la seconde interprétation de cette intrigue dont je parle moins : le fait de conserver une partie de son enfance. C’est l’aspect de l’intrigue qui m’intéresse un peu moins, parce que je pense qu’il est tout a fait possible de conserver une partie de son émerveillement et de ses potentialités à apprendre ou découvrir en devenant adulte, et ce film au final ne parle que peu de cet aspect.

Bref, j’ai beaucoup aimé Digimon : Last Evolution Kazumi. J’ai aimé les visuels, l’action, et le scénario m’a beaucoup touché. (Y’a juste les digivolutions finales que j’ai trouvé raté, et c’est vraiment dommage pour la « dernière évolution » d’avoir loupé ça). Je suis du coup très curieux (et un peu effrayé) de voir ce que va donner le prochain film Digimon, basé sur Digimon Adventure 02, ahah.