Les soucis dans les fandoms

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Je suis un fan féru de plusieurs univers fictionnels, que j’adore et dont j’adore jouer au dernier jeu, regarder le dernier film, etc. Je fais partie même de fandom depuis quelques années (genre, depuis mes 10 ans, donc ça fait 20 ans quoi), et j’ai envie de parler un peu de ce que j’ai constaté dans ces milieux, des problèmes que je trouve qui sont présent, et de pourquoi j’estime qu’avoir des fandoms plus sein est important, en parlant notamment de ce qu’ils peuvent apporter.

De plus, depuis quelques années, les fandoms ont gagné en pouvoir d’une manière forte, et la majorité des grosses sorties du cinéma sont lié à ce phénomène culturels. Cela rajoute un caractère plus important à cela, puisque en plus des effets négatifs des fandoms sur le domaine des fandoms, ils ont une influence sur l’extérieur, et plus de visibilité aussi.

Titre clickbait alternatif : « VOTRE fandom est LE PIRE !!! Emoji caca × 3. »

« Ce fandom est le pire fandom »

J’aimerais d’abord parlé d’un lieu-commun qu’on entend dans les fandoms depuis des années, à savoir de déterminer tel ou tel fandom comme « le pire fandom ». J’aimerais parler à la fois des limites de ce genre de discours (et les soucis autour), et des soucis de l’anti-discours du « tout les fandoms ont leur problèmes ».

On peut voir que les cela se divise en deux grands types de déclarations : « mon fandom est le pire fandom », et l’attaque contre les autres fandoms (souvent soit en dépréciant le contenu dont les gens sont fan « du au fandom » ou en dépréciant les gens fans d’un truc dont on trouve la qualité moindre). Ces deux propositions provoque des soucis :

  • La premier est un biais qu’on trouve souvent, un peu d’attaquer un fandom dont on fait partie pour les soucis qu’on y a rencontré. Si cela peut parfois être compréhensible (surtout quand on y a rencontré du harcèlement), cela pose un soucis d’essentialisation et de masquer les véritables causes derrière, que ce soit les comportement exacte à la source des soucis, où l’aspect « politique » du problème. Aussi, parfois c’est fait pour une autre raison : l’envie de se sentir supérieur. On peut retrouver ça par exemple dans les fandoms regroupant beaucoup d’ados, ou quelques adultes pointeront les comportements adolescents en disant « pire fandom » – sous entendu « heureusement qu’on est là pour relever le niveau » (j’ai constaté notamment beaucoup cela dans des fandoms genre Sonic ou Pokémon)
  • La seconde entre souvent dans l’attaque, et alimente des rivalités et des guerres stériles entre les fandoms. La guerre Sonic/Mario qu’il y a eut pendant des années est un bon indicateur de cela. Cela à fait que se sont rangé dans un camps des gens qui auraient pu apprécier les deux, et conduit souvent des gens à avoir des attitudes puériles de trolling qui au fond n’apporte rien à personne. Cela fait partie d’un des soucis qu’on retrouve souvent des fandoms, l’attitude de « chevalier blanc de la série/du jeu/etc ». Dans le cas ou ce n’est pas pour un autre fandom qu’on fait ça, on entre ici dans des biais classique de faire porter sur tout un groupe le poids attitudes de ses extrêmes.

Le soucis de l’attitude « le pire fandom » est qu’elle empêche de voir les soucis des fandoms, replaçant cela par une gue-guerre stérile. Pour les fandoms ne l’étant pas, ça permet la réponse facile du « au moins on est pas <insérer ledit Pire Fandom ici> » et pour ceux qui le sont, l’aspect « exagéré » de déclarer le pire fandom peut être utilisé pour se dédouanner de la sef-reflexion essentielle pour

Mais il faut faire attention aussi à l’une des réponses qui y est faite : « tout les fandoms sont un peu comme cela ». Déjà, parce que cela souvent est utilisé pour (où à l’effet objectif de) minimiser des souffrances réelles de personnes – cela à notamment un peu un goût de « c’est pareil partout, alors va falloir s’endurcir » (souvent auquel on ajoute le fameux « bienvenue sur internet »). Le relativisme total est une erreur, parce que cela masque encore plus les soucis. D’autant plus que chaque fandom est un groupe social différent, qui a une place différente dans la société (on aura pas les même dynamique dans un fandom d’une œuvre super connue de tous, d’une œuvre moquée, d’une petite œuvre peu connue, etc).

Il est mieux d’être capable de reconnaitre les soucis des fandoms, de deux manières :

  • Les soucis qui sont propre à tel ou tel fandom visé.
  • Les soucis qui sont propre aux fandoms en général, et aux structures sociales qui y existent.

Et il ne faut pas être défaitistes face à ces soucis, mais plutôt essayer de voir ce qu’il est possible de faire. Nous allons dans la prochaine partie explorer plutôt le second points (parce que le premier est différent dans chaque fandom, par définition), et voir quels soucis peuvent exister dans la plupars des fandoms.

Les soucis des fandoms

Un autre soucis commun est que l’importance de l’œuvre est montée au point ou il y a une déshumanisation de personnes réelles. Il devient parfois plus important de soit défendre, soit « combattre pour améliorer » ce qui est souvent un produit commercial plutôt que de se comporter correctement avec d’autres personnes. Parmi les victimes de cela, on retrouve souvent :

Les créatifs et les personnes qui paradoxalement travailles sur l’œuvre, ou autour de l’œuvre, qui peuvent subir du harcèlement quand ils sont vus comme faisant du mauvais travail, ou désigné comme des « ennemis ». Un exemple à cela sont les écrivains Ken Pontac et Warren Graff, qui ont travaillé sur Sonic de 2010 à 2018, et qui ont subit des vagues de harcèlement dû à la qualité perçue de leur script. Ce genre de harcèlement, et souvent le fait de se sentir justifié dans le fait de le faire, montre selon moins une déshumanisation des artistes travaillant dessus. On retrouve cela avec les attaques envers les Paper Mario, les équipes de Pokémon, et de pas mal d’autres franchises, ou la limite entre critiquer l’œuvre et envoyer des attaques personnelles (voir des menaces) envers des créatifs ai franchie.

La déshumanisation s’étend aussi aux autres fans, notamment dans les comportements d’élitisme qu’on a vu plus haut. Le fait de voir avant tout comme un ennemi d’autres fans en désaccord, de leur faire porter une pression constante de devoir se justifier et prouver qu’ils sont de « vrai fans » et de se permettre des comportements de groupes odieux (souvent envers les personnes perçues comme « bizarres »), les mettant dans une masse de « fake fan » abstraits vu comme une entité négative plus que comme des personnes est un comportement déshumanisant. Et comme vu aussi plus haut, on retrouve cela avec l’essentialisation parfois de « ceux d’en dehors » (qui ne comprennent pas) et des « ennemis » dans les rivalités de fandoms.

Ces phénomènes se cristalisent en plusieurs phénomènes :

  • On peut retrouver un sentiments de supériorités malvenus, surtout envers les autres membres
  • Des phénomènes de négativité et positivités toxiques qui empêchent de discuter en paix de sujet ou d’avoir un avis.

Dans tout ces cas, ces phénomènes peuvent faire que les gens ont du mal à prendre la parole dans les communautés

Et malheureusement, tout ces soucis affectent fortement même s’ils ne sont pas forcément le comportement de tout les membres, parce que ce genre de comportement est largement plus audible et à largement plus de conséquence que des gens se comportant correctement. De plus, ils sont souvent assez visible. Il ne faut pas non plus oublier que les oppressions systémiques existent aussi dans les fandoms : le sexisme, l’homophobie, le racisme, etc. Si c’est souvent dans les règles que c’est « pas bien », ces oppressions sont souvent aussi dans certaines communautés est souvent invisibilisés au profit d’un « mais on est tous fans » pour tenter de cacher, et quand on tente d’en parler pour permettre à tout le monde d’être à l’aise, on rentre dans le « il ne faut pas parler politique ».

Ce sont des microcosmes de société, centrés autour d’un sujet. Cependant, il faut comprendre que même si tout ces soucis sont présents et doivent être combattus, ce sont aussi des espaces importants pour de nombreuses personnes. Et je pense que c’est ce qui est la raison numéro 1 pourquoi il faut parler des soucis : les fandoms apportent beaucoup à de nombreuses personnes.

Le grooming dans les fandoms

Ceci est un autre sujet dont il faut parler : dans les fandoms (comme dans d’autres communautés internet), il y a un gros soucis de grooming de mineurs par des adultes. Ce ne sont pas les uniques communautés où il y a ça, mais il est important de le rappeler, parce que les fandoms sont souvent dans des séries avec un public de mineurs, et il faut avoir une vigilence sur ce sujet, pour s’assurer que cela n’arrive pas, pour les protéger dans les espaces où il y a à la fois des adultes et des mineurs.

Pour moi, cela rentre dans le cadre des oppressions systémiques, mais ça en est une ou il faut une vigilance d’autant plus forte qu’elle est souvent « masquée ». Cela demande donc de faire attention aux mineurs présents dans les communautés, et d’avoir un regard tout particulier sur comment les gens se comportent avec eux.

Pourquoi ça compte : l’apport des fandoms

Cependant, je pense que si on regarde d’un air plus vaste les fandoms, qu’on regarde l’ensemble de ce qu’apporte les communautés autour d’un sujet, on peut voir aussi que ce sont des lieux qui ont beaucoup d’intérêt. Ce sont des lieux ou une réflexion peut parfois aller loin sur certains sujets vu normalement comme « peu important ».

  • Ce sont des lieux d’expression et de créativité, ou des gens peuvent être inspiré et apprendre à créer, et produire des œuvres basé sur celle d’origine.
  • On y retrouve pas mal de réflexions sur des sujets, qui sont parfois réutilisable parfois dans d’autres domaines, leur offrant donc un intérêt pédagogique. Mais même quand ces réflexions ne sont pas réutilisable, le simple fait de les mener est une bonne chose, parce que cela peut permettre de comprendre mieux même un sujet « peu important ».
  • Ce sont des espaces de socialisations, qui permettent à des gens qui apprécient un même sujet de se retrouver, de rencontrer d’autres personnes avec qui ils ont des goûts communs. À titre personnelle, l’immense majorité des personnes avec qui je suis sorti, je les ai rencontré dans des fandoms. Ce sont des endroits ou des amitiés naissent, des disputes se produisent, des gens s’aiment. Et je pense que rien que pour cela, cela vaut le coup de tenter d’en faire des lieux meilleurs.

Un autre plan que j’aimerais parler est un sujet (qui recoupe totalement le dernier point du sujet précédant) qui est souvent mal vu : la proportion plus grande de neuroatypiques (autistes, ADHD) dans les fandoms. Parler de cela est souvent un peu délicat, parce que ceci est décrié à la fois par deux groupes opposé de personnes :

  • Des gens validiste qui aiment pas qu’on lie à la neuroatypie les fandoms, voyant ça comme une insulte
  • Des gens se voulant bienveillant qui ont peur que ce soit relever pour taper sur les gens neuroatypiques présent dans lesdits fandom, ou pour expliquer les soucis qu’on retrouve dedans.

Faire porter les soucis qu’on retrouve dans les fandoms sur les handis qui se retrouve dedans est validiste. Si oui, comme tout le monde, les handis peuvent avoir des comportements néfastes (que ce soit par maladresse, pour les causes de « supériorité malvenue » décrite plus haut, ou par envie de nuire à d’autres personnes), les décrire comme cause de la présence de ces comportements est non seulement validiste, mais également faux. Les soucis que l’on retrouve sont structurels, et plus lié sur la forme prise par les fandoms et l’importance mise à la « connaissance de <insérer sujet du fandom> ».

Je pense perso cependant que le sujet est important à porter, parce que c’est aussi ce qui porte pour moi l’importance d’assainir les fandoms : pour beaucoup de personnes, ce dont ils sont fans peut être un refuge essentiel dans un monde souvent terrifiant, encore plus pour les personnes marginalisées, qui sont donc souvent nombreuse dans les fandoms. Du coup, de nombreuses personnes autiste/adhd se retrouvent dans les fandoms, pour deux principales raisons : premièrement l’hyperfocus peut entrainer une plus forte propention à vouloir s’engager dans les communautés en ligne (qui rappelons le ne représente qu’une partie des joueurs, d’où un effet de proportion plus grande), deuxièmement ce côté sanctuaire, et rencontrer d’autres personnes avec les mêmes intérêts peut aider à la socialisation, à trouver des personnes avec qui parler.

Et on peut voir de nombreux phénomène de moquerie dans les fandoms, allant jusqu’au harcèlement, et les handis en sont particulièrement victimes, et ça peut du coup vraiment leur retirer un espace rassurant et important.

Conclusion

Je pense que tout ça fait que les fandoms doivent être amélioré : ce sont des lieux qui ont beaucoup d’apport, et pour des personnes ce sont même des lieux refugent ou ils peuvent retrouver des gens proches d’eux pour parler. L’idée de cet article n’est pas de dire « les fandoms sont des mauvais lieux et doivent être évité à tout prix ». S’il y a de nombreux soucis actuels dans la manière sont structuré les fandoms, ce sont des lieux qui ont de l’importance.

Ce sont des espaces où on fait société, où on interagit en groupe, et les soucis de la société s’y retrouve, et il est important du coup d’essayer d’y travailler dedans pour créer des espaces bienveillant. C’est un travail qui doit se faire à plusieurs, à la fois en travaillant dans ceux existant, et en créant dans de nouveaux espace.

Je reviendrais dans un prochain article sur comment je pense qu’on doit construire des fandoms plus accueillant et plus bienveillant.